samedi 17 mars 2012

La Porsche 911 et son bouton magique

C'est un bouton installé parmi d'autres commandes, sur la console centrale. Ce petit commutateur qui tombe pile sous la main droite du conducteur ouvre une membrane cachée derrière les sièges arrière. Proposé en série, cet équipement permet d'amplifier le bruit de l'échappement à l'intérieur de l'habitacle.



Ainsi, à peine effleure-t-on l'accélérateur que parvient aux oreilles un majestueux feulement en provenance du six cylindres à plat de la toute nouvelle Porsche 911. Même à 50 km/h. Grâce à ce bouton magique, on a presque l'illusion de renoueravec le mugissement rauque des modèles d'avant 1997, lorsque les normes antipollution n'avaient pas encore eu raison du refroidissement par air et de la sonorité typique qui y était associée.
Ce subterfuge en forme de lot de consolation trahit un glissement du champ symbolique. Au volant d'une Porsche, désormais, tout est fait pour gérer au mieux ses frustrations. Il est vrai que conduire ailleurs que sur un circuit ou une autoroute allemande à vitesse libre la nouvelle Porsche 911 qui vous catapulte de 0 à 100 km/h en à peine plus de 4 secondes engendre un mélange de félicité et d'anxiété.
Accompagnée d'une formidable accélération, la symphonie fantastique qui retentit dans le dos du conducteur à l'accélération ne peut durer que l'espace d'un court instant à moins de mettre en péril son permis de conduire. D'autant que la puissance du flat-six (3,4 litres) de la Carrera a été portée à 350 ch alors que la version S (3,8 litres de cylindrée) culmine à 400 ch. Heureusement, cette voiture jamais avare en sensations et qui a perdu 40 kg sur la balance n'a pas besoin d'être brusquée pour livrer un aperçu de son extrême brio. La firme automobile la plus rentable du monde (sa marge opérationnelle flirte avec les 20 %) a soigné la prise en main de son modèle fétiche. La 911 n'a jamais été aussi facile à conduire, n'en déplaise aux propriétaires de Porsche, qui n'aiment guère admettre que le premier conducteur venu pourrait prendre leur place.
Mythe automobile presque quinquagénaire né en 1963, la 911, dont la septième génération vient d'être commercialisée, est un nouveau chef-d'oeuvre du made in Germany. Encore plus efficace que la précédente, la "type 991"montre le moins possible à l'extérieur ce qui change à l'intérieur. Epurée, la ligne générale allonge son empattement et raccourcit ses porte-à-faux, mais reste pratiquement inchangée. Pourtant, le châssis est inédit de même que l'essieu arrière ou la direction assistée électromécanique. Et la boîte de vitesses PDK à double embrayage est devenue encore plus réactive.
Les niveaux de consommation en usage courant, c'est-à-dire en chatouillant de temps à autre le flat-six, se situent juste en dessous de 10 litres aux 100 km. Ce tour de force est insuffisant pour que la Carrera (89 498 euros) et la Carrera S (103 970 euros) échappent au malus écologique maximal (2 300 euros). Voilà qui confirme que l'époque n'est décidément plus au culte de la puissance brute.

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