vendredi 22 juillet 2011

Jaguar XF restylée 2.2 Diesel : Déroger sans déchoir


En accueillant un modeste quatre cylindres Diesel sous son capot, la Jaguar XF met en jeu sa réputation. Heureusement, la boîte automatique huit vitesses d'origine ZF lui permet de conserver sa distinction toute britannique.



Cette fois, la messe est dite. Dernier défenseur des moteurs multicylindres parmi les constructeurs "de luxe", Jaguar cède à son tour au diktat du quatre cylindres. Après l'échec de la petite X-Type sur base de Ford Mondeo, il avait pourtant juré qu'on ne l'y reprendrait plus. Le marché, toujours lui, dicte sa loi. Le Britannique ne pouvait plus longtemps ignorer que les moteurs Diesel quatre cylindres assurent plus de 70 % des ventes du segment sur lequel évolue la XF en Europe.
Il est vrai qu'en matière de moteurs, les Allemands ont perdu toute pudeur : Mercedes installe sans honte un quatre cylindres dans sa prestigieuse Classe S et BMW sacrifie son sacro-saint six cylindres atmosphérique sans même verser une larme. La Jaguar XF peut donc bien adopter un 2.2 Diesel d'origine PSA Ford. Et pour le patron de Jaguar France, Marc Luini, cela ne fait aucun doute : ce moteur constituera bientôt 50 % des ventes de la XF en France.
Jaguar XF 2.2 Diesel (2011)

Pour autant, le félin n'a pas les yeux plus gros que le ventre. Andrew Whyman, responsable du projet XF depuis son lancement en 2004, explique : "Jaguar ne se considère pas comme l'égal de BMW et Mercedes-Benz : nous ne produirons jamais deux millions de voitures par an. Nous restons un challenger, nous proposons des voitures différentes, plus exclusives que les allemandes. Cependant, nous n'avons aucun complexe : la XF 2.2 est en mesure de lutter contre ses rivales, tant en termes de prestations que de consommation et d'émissions de CO2. La XF 2.2 est une voiture parfaitement adaptée aux demandes du marché" 
Même si le 2.2 n'était pas conçu à l'origine pour être monté dans la XF, son adaptation fut aisée : le compartiment moteur de la Jaguar accueille sans difficulté des blocs beaucoup plus imposants. Les quelques modifications apportées (nouveau bouclier thermique, notamment) eurent pour objectif la maîtrise du bruit et des vibrations.
En revanche, Andrew Whyman est particulièrement fier du système d'arrêt démarrage automatique spécifique à la XF. Car si le démarreur est fourni par Denso, c'est bien Jaguar qui a conçu toute la partie logicielle. "Pour nous, le principal défi technique de la XF 2.2 a été posé par le système d'arrêt démarrage couplé à la boîte de vitesse automatique. Cela nous a réclamé six mois de temps de conception et deux ans de mise au point et de mise en production. La principale difficulté posée par ce système est que le conducteur ne signale pas en actionnant l'embrayage qu'il  souhaite couper le moteur (comme c'est le cas avec une boîte manuelle, NDLR) Il nous faut donc anticiper tous les cas d'utilisation. Par exemple, le système ne se met pas en marche lorsque l'on réalise plusieurs arrêts courts répétés afin d'éviter les coupures de moteur intempestives dans la circulation hachée des embouteillages. Nous sommes fiers du résultat obtenu : selon nos mesures, ce dispositif réagit plus rapidement que les systèmes concurrents d'Audi ou BMW"  
Jaguar XF 2.2 Diesel (2011)

A l'usage, ce système apparaît effectivement comme une réussite, même s'il ne constitue pas pour le conducteur un bénéfice à la mesure des nuits blanches endurées par ses concepteurs. On relève parfois quelques arrêts intempestifs (particulièrement à l'arrêt à une intersection) mais le redémarrage est si rapide et si discret que l'on s'y habitue sans difficulté. Il se distingue également par une fonctionnalité appréciable au quotidien : lorsque l'on arrive à bon port et que l'on déboucle la ceinture, l'auto éteint tous ses systèmes automatiquement. Les concurrentes redémarrent le plus souvent, obligeant à éteindre de nouveau le moteur avant de sortir du véhicule.
Le quatre cylindres exhale une note sonore évidemment beaucoup moins noble que celle du V6 3.0 Diesel. C'est particulièrement notable à l'accélération, où son timbre tranche avec l'ambiance luxueuse et feutrée de l'habitacle de la XF. En matière d'agrément sonore, le V6 garde un avantage très net. Heureusement, les moments où le moteur donne de la voix sont rares car la transmission ZF huit vitesses est programmée pour réduire au maximum son régime de rotation, sans toutefois provoquer de sous-régimes. Lorsque l'on roule calmement, les claquements du Diesel se font donc très peu entendre. L'insonorisation apparaît d'ailleurs excellente à tout point de vue.
Jaguar XF 2.2 Diesel (2011)

La transmission ZF huit vitesses partagée avec Audi et BMW montre une nouvelle fois sa très grande efficacité à bord de la XF. Ses passages de rapports très rapides et sa douceur remarquable font littéralement oublier la précédente ZF 6 rapports. Un bonheur n'arrivant jamais seul, elle se montre très économe pour une boîte à convertisseur. Jaguar annonce 5,4 litres aux 100 km en cycle mixte et  149 g de CO2/km. Des valeurs tout à fait comparables à la concurrence : l'Audi A6 2.0 TDI Multitronic 170 ch émet 151 g/km et la BMW 520d équipée de la même transmission, 137 g/km.
Pour le reste, avec 190 ch et 450 Nm de couple, le Diesel remplit son office avec constance. Il offre des performances très suffisantes malgré les 1.745 kg de l'auto. Le 0 à 100 km/h est abattu en 8,5 secondes. Le châssis brille par son efficacité, avec des vitesses de passage en courbe impressionnantes et un confort de suspension excellent, malgré la faible hauteur des pneus de notre modèle d'essai (235/45/20 sur notre modèle).
On apprécie le raffinement de l'habitacle de la XF, qui n'a subi que peu de modifications à l'occasion du restylage. Il sait confiner à sa juste place l'électronique et limite au maximum le nombre de boutons. Un parti-pris qui permet de mieux apprécier l'irréprochable qualité des matériaux. On regrette cependant l'ergonomie du nouveau système de navigation tactile, pas toujours des plus simples à utiliser. En revanche, les nouveaux sièges remplacent avantageusement les précédents, très critiqués : ils brillent à la fois par leur confort et le maintien qu'ils procurent.
Avec sa nouvelle motorisation Diesel, la XF s'offre un ticket d'entrée à 44.800 € en finition Classic, soit 4.000 € de moins qu'auparavant. Un tarif légèrement inférieur à celui d'une Mercedes Classe E 250 CDI 204 ch Classic (45.900 €). La Jaguar se montre cependant très compétitive en matière de rapport prix équipements. A l'inverse des allemandes, elle offre la boîte automatique et la sellerie cuir/suédine de série dès le premier niveau de finition, des options facturées respectivement 2.600 € et 2.300 € chez Mercedes-Benz.
Homogène et raffinée, la XF offre donc, plus que jamais, une alternative séduisante à ses rivales allemandes, très répandues et si peu exclusives. Avec son quatre cylindres 2.2 économe et performant, elle se donne enfin les moyens de ses ambitions sur notre marché. 

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